Mes premiers grands souvenirs remontent à l'époque d'Anita de la Vallée. Au milieu des années 90, la jument entraînée par mon père (Loïc) avait réussi à terminer trois fois troisième de l'épreuve reine du trot monté. Je me revois être déçu, en 96, de ne pas la voir gagner. J'étais gamin et ne mesurais certainement pas le chemin qu'elle avait accompli et le travail effectué par mon père avec elle. Il venait de s'installer à son compte et mon oncle Yvonnick l'avait rejoint. Anita, elle était passée six ou sept fois aux épreuves de qualification. Elle était spéciale et, avec ses grandes allures, ce n'était pas évident de l'exploiter à l'attelé. Elle s'est transformée lorsqu'on lui a mis la selle sur le dos et Jean-Marie Monclin a fait du super boulot également. Dix ans plus tard, j'ai connu les plus beaux moments de ma carrière avec Jag de Bellouet dans ce “Cornulier” que j'ai eu la chance de remporter trois fois. Quand on a 18 ans et que l'on monte sur une telle machine, on ne comprend pas forcément ce qui nous arrive. Ça ne m'a pas transformé. Je pense toujours être resté le même, mais ça aide à prendre de la maturité. Je n'avais pas de pression particulière, puisque je savais que j'étais associé au meilleur cheval. Réussir le triplé dans ce groupe I n'est pas facile, mais peut-être que Roxane Griff y serait parvenue si elle avait couru en 2013. Depuis, moi, je n'y ai réellement cru pour la victoire qu'avec Paola de Lou (2009). Là, pour le coup, je m'étais mis la pression et on avait fini deuxième. Paola, elle me fait penser à Athéna de Vandel, dont je serai le partenaire, dimanche. Avec Tiégo d'Etang et Scarlet Turgot, elle fait partie des premières chances. Elle est dure, sait tout faire dans un parcours et dispose de la meilleure réduction kilométrique des cinq cents derniers mètres du meeting d'hiver sous la selle. Elle est prête. Moi aussi.
Matthieu Abrivard,
jockey d'Athéna de Vandel
Matthieu Abrivard,
jockey d'Athéna de Vandel