pronoturf-Elodie et Phil 59

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    Yves Saint-Martin, Cravache d'Or, Allez France “DIEU MERCI, JE NE SUIS PAS JOCKEY EN 2018 !”

    elodie
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    2018 -  Yves Saint-Martin,  Cravache d'Or,  Allez France  “DIEU MERCI, JE NE SUIS PAS JOCKEY EN 2018 !” Empty Yves Saint-Martin, Cravache d'Or, Allez France “DIEU MERCI, JE NE SUIS PAS JOCKEY EN 2018 !”

    Message  elodie Dim 3 Juin - 19:57

    Recordman de victoires dans le Jockey-Club avec neuf succès, Yves Saint-Martin revient sur sa formidable carrière (15 Cravaches d’Or !), tout en faisant référence à l’article consacré à Christophe Soumillon titré “Est-il le plus grand ?”, paru dans “Paris-Turf” daté 18 avril.

    Christophe Soumillon est un très grand jockey. Il a prouvé qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs partout dans le monde. J’admire aussi son courage d’accepter de monter autant de courses. Je pense que je n’aurais pas pu le faire, à mon époque, nous avions un autre mode de vie. Il est très difficile de comparer deux époques très différentes, comme cela a été fait. La mienne fut dominée par deux présidents des courses : Marcel Boussac et Jean-Luc Lagardère. Le Jockey-Club se disputait sur 2.400 mètres, comme tous les Derbies du monde. Le programme classique, qui a été complètement changé, produisait des chevaux endurcis et ne débouchait pas sur le “fiasco” de l’Arc de Triomphe. Les Anglais eux n’ont rien changé…

    Aujourd’hui, le journaliste qui fait des comparaisons n’était sûrement pas né quand je montais, puisque j’ai arrêté fin 1987. J’aurais pu continuer, mais je n’avais plus rien à me prouver à moi-même. En 1986, à quarante-cinq ans, mon palmarès était complet, je pouvais m’arrêter. J’avais gagné tous les groupes I, très souvent plusieurs fois, en France et en Angleterre, ainsi que les deux Breeders’ Cup que j’ai montées. J’ai gagné sur les cinq continents, avec le drapeau français et la Marseillaise. En 1999, je fus élu “Jockey du Siècle” lors d’une soirée au Palais des Congrès de Paris. J’en fus très ému, c’était très flatteur et cela m’apporta beaucoup de joie. Je remercie le Ciel d’avoir veillé sur moi.

    Il est quasiment impossible de comparer deux époques uniquement par des chiffres, comme le public qui ne connaît les chevaux que par leur numéro, contrairement à l’Angleterre. Dans chaque sport, il faut une locomotive, comme Bold Eagle au trot, qui m’enthousiasme, ou Usain Bolt ou Teddy Riner, pour attirer le public.

    J’ai du mal à comprendre cette boulimie de victoires actuelle. Est-ce pour la gloire, l’argent ? Mes camarades jockeys et moi-même pouvions espérer remporter 200 courses dans l’année, comme le fera Cash Asmussen plus tard, sûrement pas 300 ! Il est vrai que nous n’avions pas d’agent ; les entraîneurs m’ont toujours appelé directement pour me proposer de monter leur cheval. Des jockeys français, comme Olivier Peslier ou Maxime Guyon, sont eux aussi très talentueux, mais ils ont certainement choisi une qualité de vie différente, plus proche de celle que j’ai connue. Pourrait-on dire que Lester Piggott, une légende des courses, était moins bon que les jockeys actuels parce qu’il gagnait moins de courses ? Ce serait ridicule et faux. Il privilégiait certainement la qualité à la quantité. Je n’ai jamais monté douze courses par jour sur deux hippodromes différents. Les jockeys de province ont eux aussi le droit de gagner leur vie. J’en aurais été d’ailleurs bien incapable, étant certain que je n’aurais sûrement pas eu les mêmes facultés physiques et mentales dans la 12e course ! Les robots arrivent, mais les jockeys n’en sont pas ! Dieu merci, je ne suis pas jockey en 2018 !

    François Mathet envoyait ses apprentis en province et ses jockeys, seulement pour les Grands Prix. Je n’ai jamais fait le meeting de Cagnes-sur-Mer, n’y allant que pour le Grand Prix.

    L’hiver, j’allais faire du ski, puis je partais monter aux quatre coins du monde avec les meilleurs cavaliers anglais et souvent Gianfranco Dettori, le père de Frankie, qui faisait 200 victoires par an en Italie. Nous avions environ une réunion par semaine et beaucoup de loisirs dans les différents pays. En janvier 1970, j’ai eu, seul jockey, une invitation royale : 18 jours au Venezuela pour une seule réunion de courses.

    J’ai eu la chance de monter avec de très grands pilotes. Je n’ai pas connu Sir Gordon Richards, que vous citez dans votre article, qui devait être exceptionnel, mais j’ai monté avec Johnstone, Jean Deforge, Poincelet, Laffit Pincay aux USA. Je les ai tous étudiés pour savoir ce qu’ils avaient en plus. François Mathet m’avait dit : “Pour être meilleur que les autres, il faut faire moins d’erreurs que les autres”. Ne rien laisser au hasard. La veille des grandes échéances, je faisais la course dans ma tête, avec plusieurs scénarios possibles et le lendemain, l’épreuve se déroulait souvent comme je l’avais imaginée, comme l’Arc de Triomphe d’Akiyda ou celui de Sagace.

    Tout est subjectif et chacun peut penser autrement mais, pour moi, les deux plus grands jockeys que j’ai vus monter sont Lester Piggott, avec qui j’ai eu d’excellentes relations et beaucoup de respect mutuel, et Frankie Dettori, pour qui j’ai beaucoup d’affection et qui continue de m’épater. Il a un tel sens de la course, il sait tout faire. Lui aussi sera une légende des Courses, je l’ai compris il y a bien longtemps, dès qu’il a été jockey.

    Dieu merci, j’ai eu une vie après les courses. La gloire, elle est venue toute seule, sans que je m’y attende. Arrivé peu de temps après la création du Tiercé, j’entrais chez les Français chaque dimanche sur la seule chaîne de télévision, aidé par Léon Zitrone qui faisait partager sa passion, ce qui amenait les gens à s’intéresser aux courses.

    J’ai été de ce fait très médiatisé et invité partout. Mon livre d’or est rempli de photos de célébrités, comme Pelé, mon ami Sammy Davis Jr qui me reçut chez lui à Los Angeles, Cary Grant rencontré aux courses à L.A., Kevin Costner et Robert Wagner qui vinrent chez moi, Sa Majesté la Reine d’Angleterre, Elizabeth Taylor, John Wayne, ainsi que la plupart des stars françaises du showbiz, du sport et de la politique.

    Mes Cravaches d’Or me furent remises par des noms prestigieux : Audrey Hepburn et Mel Ferrer, Gregory Peck, Michèle Morgan, Petula Clark, Marlène Jobert, Maurice Chevalier (qui était venu à mon mariage, ainsi que Coco Chanel pour qui j’avais monté), Jean Gabin, Carlos Monzon (12 fois champion du monde de boxe que Daniel Wildenstein avait invité pour l’occasion à Deauville), Jean-Claude Brialy, Michel Sardou. Mon camarade Freddy Head connut lui aussi le même faste. Tout ce panache et ce glamour ont quasiment disparu des courses. Les deux époques sont bien différentes, je suis très content d’avoir vécu la mienne.




    Histoires de records : "J’aurais dû avoir 18 ou 19 Cravaches d’Or”





    Vous parlez de records et de Cravaches d’Or. Bien sûr que tous les records sportifs seront toujours battus. Pour ma part, j’ai toujours pensé que celui qui tiendrait le plus longtemps était le fait d’avoir été Cravache d’Or à dix-neuf ans, en 1960, la première saisons où j’ai été jockey, après deux années en tant qu’apprenti jockey et les 40 victoires requises à l’époque pour devenir pro.
    Sans forfanterie aucune, et chacun peut penser le contraire, il est quasiment certain que j’aurais dû avoir 18 ou 19 Cravaches d’Or.
    En 1970, je perdis la 10e d’une victoire. Le 14 juillet, j’annonçais à mon patron d’apprentissage, François Mathet, qu’au bout de quinze ans avec lui, je le quittais l’année suivante. Furieux, il m’enleva de tous ses chevaux pendant un mois et demi ; il fit bien sûr beaucoup de gagnants à Deauville que je ne montais pas. De plus, la veille de la dernière réunion, votre journal apprit à tout le monde, y compris moi, que seules les victoires en France étaient comptabilisées, alors qu’auparavant tous les journaux et le “Quid” de l’époque mentionnaient le chiffre global avec les victoires à l’étranger, surtout avec des chevaux entraînés en France ! Même François Mathet me déclara que ce n’était pas correct, qu’on me l’avait “volée”, car le règlement n’avait jamais été publié avant. Cette situation fit polémique dans la presse.
    En 1977, invité à monter quinze jours au Japon en novembre (les organisateurs m’ont demandé à quel moment de l’année ils pouvaient créer leur Japan Cup), je fus battu d’une victoire.
    En 1980, je me suis fracturé le poignet lors de ma dernière course à Durban en Afrique du Sud. Au repos tout le mois de mars, je fus battu d’une victoire.
    En 1984, je fus 3e au classement, après deux mois et demi d’arrêt dûs à quatre vertèbres fracturées le jour du Prix de Diane. Paradoxalement, ce fut mon accident le plus grave (j’ai eu 21 fractures) et ma meilleure année : Jockey-Club, Arc de Triomphe et 1re édition de la Breeders’ Cup.
    En 1961, année de mon service militaire, avec 56 victoires dont trois groupes 1, je perdis ma 2e Cravache. Souffrant d’énurésie nocturne avec un dossier médical depuis l’enfance, je fus envoyé pendant six mois dans un hôpital en Allemagne, alors que les autres dans le même cas étaient réformés de suite. Je fus définitivement guéri par la suite grâce à un nouveau traitement.
    En revanche, en 1962, je n’aurais certainement pas obtenu ma 2e Cravache si le crack jockey australien, Neville Selwood, ne s’était pas tué avant la fin de la saison. J’ai offert ma Cravache à sa veuve.




    • Quel est le meilleur cheval que vous avez monté ?

    "Allez France, avec laquelle j’ai gagné l’Arc de Triomphe en 1974 et presque tous les groupes I qu’elle a courus. Elle avait un caractère très particulier et était exceptionnelle. Je le savais déjà avant qu’elle débute en course. Ce jour-là, j’ai emmené mes deux fils à Longchamp. Lorsque je revois dans mes press-books tous les articles français et étrangers écrits sur elle pendant quatre ans, c’est impressionnant ; elle a déchaîné les passions. L’an dernier, (très petit) propriétaire, j’ai déclaré mes couleurs, elles ressemblent beaucoup à celles d’Allez France…"
    • Quel cheval auriez-vous aimé monter ?
    "Sea Bird, le père d’Allez France, le meilleur cheval que j’ai vu en trente ans de carrière. En 1965, il me prit 6 longueurs au démarrage dans l’Arc où je fus second avec Reliance, qui venait de remporter le Jockey-Club et le Grand Prix de Paris."
    • Pouvez-vous classer dans un ordre de préférence vos neuf partenaires lauréats du Jockey-Club ?
    "1 - Reliance, en 1965 : mon premier Jockey-Club.
    2 - Top Ville, en 1979 : l’année de mon retour chez François Mathet, que j’avais quitté fin 1970. Il venait de gagner le Prix Lupin. Il était facile à monter et j’étais confiant.
    3 - Sassafras, en 1970 : l’année où je quittais François Mathet. Très confiant malgré la presse sceptique. Cheval dur avec beaucoup de tenue. Après le “Royal-Oak”, course de tenue, il confirmera dans l’Arc de la même année, en devançant Nijinsky, invaincu en Angleterre, monté par mon grand rival et néanmoins ami Lester Piggott.
    4 - Nelcius, en 1966 : pour mon meilleur ami, Miguel Clément, jeune entraîneur. Venant tous les deux du Sud-Ouest, nous avions été en même temps apprenti-jockey et apprenti-entraîneur chez François Mathet. En 1985 et 1986, nos deux fils Éric et Nicolas connurent la même situation chez John Gosden, alors entraîneur à Los Angeles.
    5 - Darshaan, en 1984 : très difficile à monter avec un port de tête très bas.
    6 - Acamas, en 1978 : un miracle ! Éjecté du peloton dans le dernier tournant, j’avais posé les mains, me retrouvant près de la barrière, de l’autre côté de la piste. Il se rééquilibra et repartit progressivement pour venir gagner d’un nez sur le poteau ! Je venais de remporter avec lui le Prix Lupin, qui a été supprimé du programme classique. Ce fut le dernier Jockey-Club de Marcel Boussac, qui me demandait chaque année de monter ses chevaux. Avec mes contrats, c’était impossible.
    7 - Natroun, en 1987 : l’année où j’ai arrêté ma carrière. J’ai demandé à S.A. Aga Khan de le supplémenter, car il n’était pas engagé. Heureusement, il accepta.
    8 - Mouktar, en 1985 : Il a justifié ma confiance.
    9 - Tapalké, en 1968 : François Mathet hésitait : “ça t’amuse de courir, eh bien, courons !”, avait-il dit."


    • Quelle a été votre plus grande satisfaction ?

    "Ma victoire dans l’Arc de Triomphe avec Allez France en 1974, avec une fracture du grand trochanter survenue dix jours avant la course. Ces journées furent si difficiles ! Alec Wildenstein avait déjà contacté Piggott qui avait accepté la monte. Son jeune frère, Guy, que leur père avait pris pour un fou (il me le raconta plus tard), réussit à trouver un professeur qui me donna l’autorisation de monter. Daniel fut royal et laissa la décision à Guy. Tous les médecins qui m’avaient fait passer les premières radios étaient persuadés que j’allais tomber. Après une semaine de rééducation en piscine, j’arrivais à Longchamp avec mes béquilles… car je n’avais pas le droit de marcher. Beaucoup de gens, encore aujourd’hui, ne comprennent pas ma course ce jour-là. Déporté à l’extérieur par un concurrent à mille mètres du poteau, j’ai laissé démarrer ma jument dès qu’elle vit le jour. Si je l’avais reprise à ce moment-là, je pense qu’elle ne serait pas repartie. J’ai toujours été persuadé qu’elle aurait gagné de trois longueurs si elle avait pu placer sa pointe de vitesse à deux cent cinquante mètres du poteau, comme elle avait l’habitude de le faire. Je n’ai jamais démarré avec aucun cheval à cet endroit-là. Heureusement, elle était exceptionnelle et je la connaissais sur le bout des doigts. Après ce succès, je suis resté au repos pendant trois semaines."


    • Avez-vous un regret ?
    "Mon regret est de n’avoir pu remonter Sagace dans l’Arc de 1985, alors que nous l’avions gagné ensemble l’année précédente. Je fus 3e en voyant tout ce qui s’était passé. Sa rétrogradation à la deuxième place fut pour moi très injuste, comme pour beaucoup de monde."


    • Quels conseils avez-vous donné à votre fils Éric, comme jockey ?
    "Prendre un bon départ pour pouvoir choisir sa place dans le parcours, faire le moins de terrain et le moins d’efforts possibles, pour avoir des ressources pour finir. Son Arc de Triomphe avec Urban Sea en 1993 fut une course de rêve, avec un numéro à l’extérieur et 25 partants. Il se retrouva très vite à la corde, une monte intelligente comme je les aime. Cette victoire lui ouvrit les portes de Hong Kong, où il resta quinze ans et, sans doute, il se souvint de mes conseils ! Mère de Galileo et Sea The Stars, Urban Sea est devenue la poulinière du siècle. Dire qu’elle venait de gagner au Lion-d’Angers ! Ma plus grande émotion aux courses."


    • Et comme entraîneur ?

    "Je lui ai expliqué comment travaillaient François Mathet et Angel Penna, mes deux principaux entraîneurs, très différents l’un de l’autre, mais qui gagnèrent tous les groupes I."

    Bio express :



    Né le 8 septembre 1941 à Agen
    Début en courses en 1958
    3314 victoires en 30 saisons

    Ses plus grandes victoires :
    4 Arc de Triomphe
    9 Jockey-Club
    5 Diane
    1 Derby d’Epsom
    2 Oaks d’Epsom
    2 King George
    2 Breeders’ Cup

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