UN MOMENT HISTORIQUE
Vincent entre dans la légende. Le Grand Steeple à 20 ans, et le Prix du Jockey-Club l'année suivante, c'est un exploit retentissant, qui n'avait pas été réalisé depuis un siècle. Avant la guerre de 14-18, Percy Woodland avait enlevé deux fois le Grand Steeple, deux fois le Grand National de Liverpool et deux fois le “Jockey-Club”. Quelque chose d'inouï. Je crois que Guy Chancelier avait lui-même brillé au plus haut niveau dans les deux spécialités. Le Grand Steeple et le Grand Prix de Paris. À vérifier toutefois. Nous venons donc de vivre un moment historique. J'ai regardé la course devant la télévision. C'était magnifique. Vincent montait évidemment un poulain de grande classe, mais il sait où se trouve le poteau. Il est né à cheval, il a de très bonnes bases. Il a un grand sens de l'effort, beaucoup d'instinct. Il est évidemment bourré de talent. Il a commencé sa carrière sur l'obstacle par conviction personnelle, car il n'a pas de problème de poids. Thierry Jarnet qui s'est essayé dans cette discipline en début de carrière pense que l'obstacle représente une excellente école. Que l'on apprend beaucoup sur la notion d'équilibre, que l'on comprend mieux la respiration de son cheval. Je ne peux qu'abonder dans son sens. Et André Fabre, qui a inscrit son nom au palmarès des plus grandes courses d’Auteuil, aussi bien dans la colonne des jockeys, que celle des entraîneurs, partage sans doute cette conviction. C'est la raison pour laquelle la victoire de Vincent ce dimanche à Chantilly m'est particulièrement savoureuse. Elle démontre que l'obstacle n’est pas un pis-aller, mais un sport exigeant, dont la pratique se révèle toujours profitable. Demain (lire ce lundi), Vincent doit monter pour moi à Auteuil. Nous allons procéder de la même manière que nous l'avons toujours fait jusqu'alors. Il connaît le cheval. Je n'aurai pas beaucoup d'indications à lui donner. Il faut sans doute que je me prépare à l'idée que sa carrière bifurque définitivement vers le plat tôt ou tard. Le monde des courses a besoin de belles histoires comme celle-ci...