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Si elle a connu une année 2016 compliquée, nombre de ses chevaux ayant été malades, Christiane Head-Maarek a terminé la saison sur des notes positives, grâce notamment à National Defense, brillant lauréat du Prix Jean-Luc Lagardère, et à Terre, la petite sœur de Trêve qui a réalisé des débuts prometteurs. Rencontrée sur les pistes, l’entraîneur cantilienne évoque ses espoirs pour les prochains mois et livre son avis sur quelques sujets dans l’air du temps.
Difficile de vivre une “saison galère”, avec une écurie malade, après avoir vécu tant de bonheurs avec Trêve... Mais, dans ce métier si passionnant, l'optimisme est toujours de rigueur. Et, en ce début de saison, les espoirs sont nombreux au sein de l'écurie de Christiane Head-Maarek. « Les chevaux ont bien hiverné. J'ai beaucoup de chevaux inédits, énormément, commente-t-elle. La plupart de mes 3 ans sont inédits. J'ai des poulains sympas. J'ai un fils de Teofilo que j'aime bien, des pouliches de Motivator qui se montrent plaisantes, un “Nathaniel” qui va avoir du fond et qui est un beau poulain (Rêve). J'ai aussi une “Oasis Dream”(Alexandrie), qui est très bien le matin ; elle a certainement un brin de galop. National Defense, lui, a énormément changé cet hiver. Il va faire sa rentrée dans le Prix Djebel, sur 1.400 mètres. Ensuite, on ira à Deauville pour la Poule d'Essai et, après, on verra. On va prendre les courses au fur et à mesure. Il est aussi engagé dans les Guinées, mais la Poule devrait être plus facile. Si jamais il venait à gagner la Poule, on irait peut-être en Angleterre ensuite. C'est un poulain qui aime galoper, mais il semble être plus maniable que l'an passé. Terre n'a pas beaucoup évolué physiquement cet hiver ; elle suit le même schéma que sa sœur, Trêve. On sait que la famille est tardive. Les pouliches sont un peu en retard par rapport aux mâles. Terre n'est pas encore fleurie. J'attends qu'elle soit bien pour lui faire effectuer sa rentrée. Elle est prête, puisqu'elle était engagée à Saint-Cloud le 19 mars, mais j'attends qu'elle fasse son poil. Chez les “vieux”, j'ai aussi Extinguish, qui s'est imposé pour sa rentrée et a terminé troisième mardi à Chantilly. Il avait eu des soucis et je n'avais pas pu le courir à 2 et 3 ans. »
Un nouveau jockey pour l’écurie
« Quand Thierry Jarnet m’a annoncé qu’il mettait un terme à sa carrière, cela m’a évidemment fait un pincement au cœur. On a longtemps travaillé ensemble et il m’a beaucoup aidée. C’était un vrai homme de cheval. Il va nous manquer. Thierry Thulliez, désormais, a pris la relève. Il vient le matin galoper des chevaux et sera associé à mes pensionnaires dès que cela sera possible. Bien sûr, ensuite, ce sont les propriétaires qui auront le dernier mot. Par contre, j’aimerais bien garder Pierre-Charles Boudot sur National Defense. Je sais que cela risque d’être difficile, mais cela serait bien. »
Le souci de la TVA
« Déjà, il faut que tout le côté élevage soit à la TVA agricole. C’est une injustice complète de dire que les foals, quand ils sont sevrés, ne sont plus dans le cycle de l’élevage, alors qu’ils sont toujours au haras, qu’ils mangent de l’herbe et sont lâchés entre eux. J’estime que tant qu’ils ne sont pas en course, ils doivent rester dans le cycle de l’élevage. La TVA doit baisser. Dans l’élevage, cela a retiré pas mal de clients. Nous sommes tout de même passé de 5,5 à 20… C’est très dur. À l’entraînement aussi, c’est un problème. Certains la récupèrent, mais pour ceux qui ne la récupèrent pas, ce n’est vraiment pas évident. Pour un propriétaire lambda, c’est une augmentation terrible ; cela se répercute évidemment sur les prix de pensions. C’est un gros problème. Nous sommes tout de même dans la filière agricole. On dépend de la MSA. Un entraîneur a le statut agricole. En cette période électorale, on va interroger nos politiques, mais c’est dur de les faire bouger »
La course au record de victoires : des risques physiques ?
« Ce qu’a réalisé Pierre-Charles l’an dernier est fabuleux ! Ensuite, les jockeys montent beaucoup plus que par le passé, car ils doivent aller à droite et à gauche régulièrement. S’il y a des risques pour leur santé ? S’ils n’ont pas de soucis de poids, non, car c’est leur métier. Ensuite, certains jockeys connaissent des soucis de poids… Christophe Soumillon a soulevé le récent problème du poids minimum de monte. Cette décision a peut-être été prise pour préserver leur santé, pour éviter qu’ils ne se fassent trop maigrir. Mais je n’ai pas à juger cela. Par contre, je ne tiens pas à ce que l’on remonte les poids en course ; car les remonter tout le temps, ce n’est pas possible. À force, on casserait les chevaux. Puis un jockey qui ne fait pas le poids, même si on remonte les poids, il ne fera jamais le poids. En réalité, ils sont trop grands…
Je pense que nous sommes arrivés à un seuil. Je reconnais que c’est malheureux que certains jockeys ne puissent plus monter dans certaines courses et soient limités par leurs poids, mais cela permet à d’autres de monter. Tout cela est un cercle vicieux. »
Comité de réaction des jeunes de la filière cheval
« C’est très bien ! J’ai bien sûr rejoint l’association. Le live betting c’est de la folie. Là aussi, l’État doit défendre les courses, d’autant plus que l’État vit des courses. C’est triste tout de même que l’on soit tout le temps obligé de se battre ; on a autre chose à faire… Si on avait des politiques qui nous laissaient travailler ; c’est juste ce qu’on leur demande. On ne leur demande pas d’argent. On leur demande de nous laisser travailler et d’adapter nos entreprises à la vie normale. Sur le fond, l’association a raison. Certes, le live betting va reverser à la filière, mais le problème, c’est que le live betting ouvre la porte à tout. Cela ouvre la porte à la magouille… J’étais contre les books, mais je suis aussi contre le live betting. »
La décharge pour les femmes jockeys
« Je pense que c’est positif. Maintenant, est-ce que cela va les faire monter beaucoup plus ? L’avenir nous le dira. Certaines sont contre, mais je pense que cela reste positif pour elles. J’ai fait bloquer à 4,5 de décharge car sinon la différence serait beaucoup trop énorme. J’avais déjà trouvé très bien l’idée de leur créer des courses rien que pour elles. Et si je pouvais avoir une apprentie capable de monter, je la ferais monter. Tout ce qui peut être fait pour qu’elles puissent monter est une bonne chose. Ce qui est tout de même un peu anormal, c’est que dans certaines catégories de courses, la décharge est admise et pas dans d’autres. C’est un peu litigieux. S’ils veulent les faire monter, il fallait mettre la décharge dans toutes les courses, sinon, cela ne leur permettra pas de monter les bonnes courses. On les cantonne dans une certaine catégorie de courses. L’idée est bonne, mais ils n’ont pas été jusqu’au bout des choses. »
