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Harzand lors de sa victoire dans le Derby d'Epsom (Photo : J.C. Briens)
Ce dimanche, l’entraîneur Dermot Weld sellera Harzand, lauréat des classiques derbies anglais et irlandais, dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe. Rencontre avec un entraîneur célèbre pour réaliser l’impossible.
L’artiste américain Andy Warhol a dit que chacun aurait son “quart d’heure de célébrité”. Pour l’entraîneur irlandais Dermot Weld, cette prédiction s’est concrétisée le premier mardi du mois de novembre 1993, lorsque Vintage Crop a enlevé la Melbourne Cup, une course considérée alors comme inaccessible aux chevaux entraînés à l’étranger.
Si, ce jour-là, Vintage Crop lui a permis de devenir une star mondiale, il faut dire que l’homme, qui a repris l’écurie de son père Charlie en 1972 à l’âge de vingt-quatre ans, avait débuté sa collection de “quarts d’heure de célébrité” déjà bien avant cet exploit en Australie.
Dès les années 70, des chevaux entraînés par Weld affichent, en effet, leurs noms aux palmarès des meilleurs groupes I européens, parmi lesquels des épreuves classiques anglaises et irlandaises. Puis, en 1990, il devient le premier entraîneur européen a enlevé une course de la triple couronne américaine, pays où il avait d’ailleurs travaillé pendant quelque temps durant sa jeunesse, grâce à Go And Go dans les Belmont Stakes. Un record, qui tient d’ailleurs toujours. Premier entraîneur étranger à remporter la Melbourne Cup, il a également été le deuxième par le biais de Media Puzzle , lauréat en 2002 et objet, par la suite, d’une production hollywoodienne.
Alors qu’il serait faux de penser que Dermot Weld cherche la gloire, il est vrai qu’il possède une énorme faim de succès. Ainsi, à deux semaines avant l’Arc, il n’hésite pas à rappeler que son écurie a remporté neuf courses au cours des dix derniers jours et donc, que “tout va bien en vue de ce week-end”.
Une très bonne nouvelle donc, dans la mesure où, suite à ses petites blessures subies lors de sa sortie dans les Irish Champion Stakes un doute subsistait sur la participation d’Harzand dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe. “Harzand s’était fait marcher sur sa jambe arrière en début du parcours ce jour-là mais, alors qu’il boitait légèrement le lendemain, il ne s’agissait finalement que des blessures superficielles”, explique Weld qui est d’ailleurs lui-même un vétérinaire qualifié. “Nous lui avons donc accordé une pause et, une semaine plus tard, il avait déjà repris le travail. Je suis ravi de ses progrès. Il est en grande forme.”
Weld est très patient avec ses pensionnaires au sein de son écurie située à Rosewell House, qui se trouve à deux pas des tribunes du The Curragh. Toutefois, il a peu de tolérance et de compréhension lorsque des circonstances imprévues, qui vont de pair avec les courses de chevaux, surviennent. Surtout lorsqu’elles sont indépendantes de sa volonté. Ainsi, il y a huit ans, son saut d’humeur avait pris par court une jeune journaliste qui lui avait involontairement annoncé que Famous Name, son partant dans l’édition 2008 du Prix du Jockey Club, avait tiré le numéro 17 à la corde...
“Famous Name a été battu une courte tête dans le derby français en étant contraint de se sortir de la boîte numéro 17”, se souvient-il aujourd’hui, beaucoup plus calme qu’à l’époque, mais toujours avec un sourire sombre. Puis il s’arrête et, avec un air de défi, ajoute : “Il a quand même eu une très belle carrière puisqu’il a gagné une vingtaine de courses de groupe ou de listed pour moi. Et, aujourd’hui, il est en train de se faire un nom en tant qu’étalon.” Et concluant ensuite : “Il s’agissait de mon dernier partant à Chantilly. Je ne suis jamais retourné depuis.”
Il n’y est pas retourné depuis, mais Dermot Weld veut absolument y revenir ce dimanche pour y seller Harzand, un fils de Sea The Stars et Hazariya, qui appartient à Son Altesse l’Aga Khan. “J’entraîne des chevaux de Son Altesse depuis deux ans et demi, explique-t-il. Nous avons environ vingt-cinq de ses chevaux à l’écurie pour un taux de réussite de l’ordre de 80 %. Ensemble nous avons vécu un très bel été avec Harzand auteur d’une grande performance dans le Derby d’Epsom, puis une nouvelle fois superbe dans le Derby irlandais. Évidemment, ce serait magnifique si l’on pouvait y ajouter un Arc.”
Sans parler de numéro à la corde, pour que Harzand, séduisant par son beau modèle et son poil presque noir, puisse vraiment faire parler sa tenue et son accélération, il lui faudra de préférence un terrain assez souple. “En effet, dit son entraîneur avec enthousiasme, j’espère qu’il pleuvra beaucoup d’ici dimanche...”
À l’âge de 70 ans, réussir dans un des plus beaux événements au monde est toujours un objectif important pour cet homme qui, avec seulement une centaine de chevaux dans son effectif, figure au deuxième rang du classement des entraîneurs en Irlande. Un classement dominé par Aidan O’Brien dont l’écurie est beaucoup plus importante, comme Weld tient vite à souligner.
Si Harzand ne restait pas sur une huitième place dans les Irish Champion Stakes, il serait sans doute le favori de l’Arc, mais le professionnel n’a pas de regrets : “On aurait pu prendre l’option plus facile et courir le Prix Foy à Chantilly, mais il avait gagné deux derbies et on voulait le courir sur 2.000 mètres. En plus, je ne voulais pas le faire voyager deux fois en France en l’espace de trois semaines. Il n’a que 3 ans. Maintenant, il a bien travaillé l’autre jour en compagnie de Pat Smullen et nous sommes très contents de son degré de forme actuel. C’est un cheval très bien né qui est extrêmement bien équilibré. Il a vraiment une belle action et je suis ravi d’avoir ce très bon cheval au départ de l’Arc.”
Cette année, l’homme a enregistré son 4.000e gagnant de sa carrière. Avec Harzand, qu’il adore, une première victoire dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe semble plus que possible, car l’impossible n’existe pas dans la vie de Dermot Weld.
