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S'il se fait beaucoup plus discret depuis quelques saisons, Philippe Masschaele n'en demeure pas moins le jockey qui a “révolutionné” les courses au trot monté en France, avec sa façon de se pencher en avant sur l'encolure du cheval.
Michel Lenoir, et bien d'autres, disent que vous êtes à l'origine de la plus grande évolution au trot. En êtes-vous fier ?
Je sais que j'ai incité les jockeys à changer de position, et aujourd'hui tout le monde a adopté la monte en avant, mais ça n'a pas changé ma vie. Sauf au début de ma réussite où mon portefeuille se portait très bien (rires). Je suis surtout fier que ce soit Michel Lenoir qui le dise. J'ai rarement croisé quelqu'un d'aussi correct dans notre métier. J'ai souvenir qu'il m'avait remplacé sur Kérido du Donjon dans un groupe II, alors que j'étais sur la touche. J'avais été impressionné qu'il m'appelle avant, puis après la victoire du cheval, moi le petit Belge venu de nulle part.
Quand avez-vous commencé à monter en avant et pour quelle raison ?
J'ai fait mon apprentissage chez Roger Ledoyen, où Patrick Chéradame m'a appris à monter de façon traditionnelle. On m'appelait “le petit Belge”. Je pesais 37 kg la première fois que j'ai couru à Vincennes où, en plus de ma selle, il m'a fallu 13 kg de plomb pour faire le poids. La pesée a tourné au sketch. Quelques années plus tard, je suis reparti en Belgique où les courses se portaient bien. Un jour, j'ai dû monter une jument qui souffrait du dos. J'ai raccourci mes étriers et me suis penché en avant pour la soulager et elle a gagné. J'ai appliqué cette position sur d'autres chevaux, et j'ai vite remarqué qu'ils allaient plus vite ainsi. Je suis rapidement passé professionnel et ai été sacré à plusieurs reprises Étrier d'Or en Belgique où les courses ont commencé à décliner. J'ai alors tenté ma chance en France. J'ai d'abord rallongé mes étriers de peur de passer pour un guignol, mais je n'étais pas aussi efficace. Comme le ridicule ne tue pas, j'ai à nouveau raccourci mes “pédales”. Bien m'en a pris puisque j'ai été, durant quatre années de suite, Étrier d'Or.
Ensuite ?
Je n'étais sans doute pas meilleur que les autres mais ma position permettait aux chevaux d'aller plus vite et plus longtemps. Je me suis régalé durant cette période. Prendre vingt mètres à mes collègues en partant me faisait rire. Bluffer les chevaux manquant de courage, en fixant les rênes sur le petit licol, m'amusait aussi. Petit à petit, les autres jockeys se sont inspirés de ma position, tout en l'améliorant. Je n'avais alors plus de marge et j'ai commencé à connaître des problèmes de genoux. J'ai dû subir deux opérations des ligaments et, comme certains chevaux, je me suis fait vieillissant. Il faut être jeune et en très bonne condition physique pour être un bon jockey. Aujourd'hui, à 48 ans, c'est au sulky que je prends du plaisir.
