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Hommage à Nicole Marin
Par Hubert Smadja, courtier Horse Partner Consulting.
Nicole vient de tourner une dernière page. Non pas celle de “Paris-Turf”, mais celle de sa vie. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, elle était là, fidèle au poste, devant sa petite table ou s’empilaient les “Turf” du jour et du lendemain. Femme de caractère au grand cœur avec sa gouaille inimitable. Tout en me remettant mon journal, elle me demandait régulièrement : “Alors... aujourd’hui, y vient Phiphi (entendez Philippe Allaire) ?” Entre eux deux s’était installée une complicité, au point qu’elle était attendue dès les beaux jours par toute l’équipe du Haras de Bouttemont, après une retraite ô combien méritée. Mais la vie en a décidé autrement...
La disparition de cette femme haute en couleur a fait resurgir en moi tous ces personnages incontournables de la vie des courses, bien connus d’une certaine génération. Tel que le grand Paul, nommé ainsi pour sa haute stature, un des rares amis et confidents du célèbre taiseux entraîneur François Mathet, Bourricot, ami de Cash Asmussen, d’une inébranlable mauvaise foi (!), Kamel le Boiteux, qui se précipitait pour faire les jeux de ses amis tout claudiquant, Banane, ancien vendeur de fruits, victime de sa réputation de poissard, au point que certains entraîneurs superstitieux l’évitaient de peur d’obtenir un mauvais résultat, Le Merlan, toujours parmi nous, le seul coiffeur qui, à notre connaissance, affichait sur la devanture de son salon : “Fermé pour cause de courses”, Le Marquis, qui se disait “expert en gros lézards”, Maurice, le plus grand fan de Maurice Philipperon, qu’il accompagnait dans la ligne droite en se cravachant les fesses avec son journal, Fortuné, qui se plaignait ne pas arriver à perdre aux courses, Pas Veinard, toujours battu à la photo, Statuette, qui vient de nous quitter, etc. Autant de noms qui auraient largement inspiré Michel Audiard. Il reste pour faire vivre de l’intérieur nos hippodromes ceux à qui nous devons le plus grand respect : les voituriers des parkings, dévoués et respectueux, au point d’aller à la recherche le soir des retardataires pour leur remettre les clefs de leurs véhicules, les contrôleurs aux entrées, agissant avec tact et délicatesse, Ali et toute son équipe qui veillent sur nous comme sur la bonne mère, les valets, infatigables et toujours disponibles, et tout le personnel affecté aux écuries, qui connaissent sur le bout des sabots les us et coutumes de chaque professionnel. Pour un hommage à Nicole Marin, à Serge Athlani, les institutions doivent envisager une course en leur honneur. Si la joyeuse équipe citée plus haut se retrouve réunie dans le ciel, les paris doivent aller bon train, avec “Paris-Turf” en main.
Par Hubert Smadja, courtier Horse Partner Consulting.
Nicole vient de tourner une dernière page. Non pas celle de “Paris-Turf”, mais celle de sa vie. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, elle était là, fidèle au poste, devant sa petite table ou s’empilaient les “Turf” du jour et du lendemain. Femme de caractère au grand cœur avec sa gouaille inimitable. Tout en me remettant mon journal, elle me demandait régulièrement : “Alors... aujourd’hui, y vient Phiphi (entendez Philippe Allaire) ?” Entre eux deux s’était installée une complicité, au point qu’elle était attendue dès les beaux jours par toute l’équipe du Haras de Bouttemont, après une retraite ô combien méritée. Mais la vie en a décidé autrement...
La disparition de cette femme haute en couleur a fait resurgir en moi tous ces personnages incontournables de la vie des courses, bien connus d’une certaine génération. Tel que le grand Paul, nommé ainsi pour sa haute stature, un des rares amis et confidents du célèbre taiseux entraîneur François Mathet, Bourricot, ami de Cash Asmussen, d’une inébranlable mauvaise foi (!), Kamel le Boiteux, qui se précipitait pour faire les jeux de ses amis tout claudiquant, Banane, ancien vendeur de fruits, victime de sa réputation de poissard, au point que certains entraîneurs superstitieux l’évitaient de peur d’obtenir un mauvais résultat, Le Merlan, toujours parmi nous, le seul coiffeur qui, à notre connaissance, affichait sur la devanture de son salon : “Fermé pour cause de courses”, Le Marquis, qui se disait “expert en gros lézards”, Maurice, le plus grand fan de Maurice Philipperon, qu’il accompagnait dans la ligne droite en se cravachant les fesses avec son journal, Fortuné, qui se plaignait ne pas arriver à perdre aux courses, Pas Veinard, toujours battu à la photo, Statuette, qui vient de nous quitter, etc. Autant de noms qui auraient largement inspiré Michel Audiard. Il reste pour faire vivre de l’intérieur nos hippodromes ceux à qui nous devons le plus grand respect : les voituriers des parkings, dévoués et respectueux, au point d’aller à la recherche le soir des retardataires pour leur remettre les clefs de leurs véhicules, les contrôleurs aux entrées, agissant avec tact et délicatesse, Ali et toute son équipe qui veillent sur nous comme sur la bonne mère, les valets, infatigables et toujours disponibles, et tout le personnel affecté aux écuries, qui connaissent sur le bout des sabots les us et coutumes de chaque professionnel. Pour un hommage à Nicole Marin, à Serge Athlani, les institutions doivent envisager une course en leur honneur. Si la joyeuse équipe citée plus haut se retrouve réunie dans le ciel, les paris doivent aller bon train, avec “Paris-Turf” en main.
