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Le point de vue de François-Charles Truffe, journaliste à Paris-Turf
Les larmes de Melchior-François Mathet, éleveur de Laurens, ont-elles moins de valeur que celles de Dimitri Payet quittant le terrain, blessé à la cuisse et dans son âme ? Les sanglots de Steve Burggraf, propriétaire d'Homérique, devancée de si peu à l'arrivée, sont-ils moins bouleversants que ceux du grand Ronaldo ? La joie de l'entraîneur Karl Burke était-elle moins étincelante que celle du joueur mexicain Hirving Lozano ayant marqué le but décisif contre l'Allemagne ? Les cœurs des turfistes battent-ils moins fort dans la dernière ligne droite, que ceux des supporters de foot, quand la balle entre dans la surface de réparation ?
En mai 2011, le journal L'Equipe avait lancé une grande campagne promotionnelle intitulée : “Pourquoi acheter L'Équipe ?” Parmi les 50 réponses proposées par l'agence publicitaire, on pouvait lire celle-ci : “Parce qu'un homme, un vrai, a parfois besoin de pleurer.” Que celui qui n'a pas été pris en flagrant... délice émotionnel nous jette la première raillerie. Nous lui laissons le choix des larmes...
Douze millions et demi de téléspectateurs ont regardé le match France/Australie samedi. Sur le terrain de l'audience, le sport le plus populaire de la planète écrase tout sur son passage. Il semblerait bien puéril de lui dénier sa légitimité, autant qu'il paraît vain de vouloir en adopter les codes pour les transposer dans le monde hippique. Bien sûr que nous devons nous inquiéter de l'évolution du marché du jeu, bien sûr que nous devons nous adapter, bien sûr que la concurrence va se durcir encore plus, mais il n'y a pas de fatalité. Le cheval, cet animal merveilleux qui nous transporte dans tous les sens du terme, possède sa propre force d'attraction. Les courses leur propre liturgie, avec parfois des scénarios qu'aucun auteur de cinéma n'oserait écrire. Ce besoin éternel d'épique, de légendes ou de héros qui galvanisent les foules, peut encore et toujours s'assouvir dans le monde hippique, comme nous l'avons senti dimanche à Chantilly. Les larmes, ces gouttes d'essence de vie distillées par des années de passion, ont le même goût salé sur un hippodrome que dans un stade…
Laurens a gagné sur un cou franc. Ou plus exactement une nette encolure. Victoire acquise à l'issue d'une lutte homérique qui nous a tenus en haleine jusqu'au poteau d'arrivée. L'histoire d'un coup de foudre entre un propriétaire et une pouliche drapée dans sa robe de soirée, portant étrangement le même nom que sa fille. Un conte de fées qui aurait pu sortir de l'imagination des frères Grimm. “Qu'est-ce que ce jeu-là, démoniaque et divin ?”, demanda un jour Marguerite Duras à Michel Platini. Réponse de l'ancien capitaine des “Bleus” : “Pourquoi aime-t-on le foot ? Je vais vous le dire. Parce qu'il n'a aucune vérité !” Exactement ce que Criquette Head exprimait dans notre édition de lundi matin en parlant de la beauté des courses. La vérité de l'imaginaire sera toujours la plus forte.
Les larmes de Melchior-François Mathet, éleveur de Laurens, ont-elles moins de valeur que celles de Dimitri Payet quittant le terrain, blessé à la cuisse et dans son âme ? Les sanglots de Steve Burggraf, propriétaire d'Homérique, devancée de si peu à l'arrivée, sont-ils moins bouleversants que ceux du grand Ronaldo ? La joie de l'entraîneur Karl Burke était-elle moins étincelante que celle du joueur mexicain Hirving Lozano ayant marqué le but décisif contre l'Allemagne ? Les cœurs des turfistes battent-ils moins fort dans la dernière ligne droite, que ceux des supporters de foot, quand la balle entre dans la surface de réparation ?
En mai 2011, le journal L'Equipe avait lancé une grande campagne promotionnelle intitulée : “Pourquoi acheter L'Équipe ?” Parmi les 50 réponses proposées par l'agence publicitaire, on pouvait lire celle-ci : “Parce qu'un homme, un vrai, a parfois besoin de pleurer.” Que celui qui n'a pas été pris en flagrant... délice émotionnel nous jette la première raillerie. Nous lui laissons le choix des larmes...
Douze millions et demi de téléspectateurs ont regardé le match France/Australie samedi. Sur le terrain de l'audience, le sport le plus populaire de la planète écrase tout sur son passage. Il semblerait bien puéril de lui dénier sa légitimité, autant qu'il paraît vain de vouloir en adopter les codes pour les transposer dans le monde hippique. Bien sûr que nous devons nous inquiéter de l'évolution du marché du jeu, bien sûr que nous devons nous adapter, bien sûr que la concurrence va se durcir encore plus, mais il n'y a pas de fatalité. Le cheval, cet animal merveilleux qui nous transporte dans tous les sens du terme, possède sa propre force d'attraction. Les courses leur propre liturgie, avec parfois des scénarios qu'aucun auteur de cinéma n'oserait écrire. Ce besoin éternel d'épique, de légendes ou de héros qui galvanisent les foules, peut encore et toujours s'assouvir dans le monde hippique, comme nous l'avons senti dimanche à Chantilly. Les larmes, ces gouttes d'essence de vie distillées par des années de passion, ont le même goût salé sur un hippodrome que dans un stade…
Laurens a gagné sur un cou franc. Ou plus exactement une nette encolure. Victoire acquise à l'issue d'une lutte homérique qui nous a tenus en haleine jusqu'au poteau d'arrivée. L'histoire d'un coup de foudre entre un propriétaire et une pouliche drapée dans sa robe de soirée, portant étrangement le même nom que sa fille. Un conte de fées qui aurait pu sortir de l'imagination des frères Grimm. “Qu'est-ce que ce jeu-là, démoniaque et divin ?”, demanda un jour Marguerite Duras à Michel Platini. Réponse de l'ancien capitaine des “Bleus” : “Pourquoi aime-t-on le foot ? Je vais vous le dire. Parce qu'il n'a aucune vérité !” Exactement ce que Criquette Head exprimait dans notre édition de lundi matin en parlant de la beauté des courses. La vérité de l'imaginaire sera toujours la plus forte.
