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Le jeudi 19 juin 1986, c'es la grande journée du trot à Vincennes. Je n'ai pas encore 15 ans mais je suis un fan de l'écurie Viel et plus particulièrement de son champion de l'époque, Mon Tourbillon. Ce jour-là, j'ai école mais je réussis à convaincre mes parents de justifier mon absence... Ils me déposent à Vincennes, moi le petit provincial qui ne connaît presque pas Paris.
Après avoir assisté à la victoire de Queila Gédé dans le Prix du Président de la République, je vis pleinement le Prix René Ballière dans lequel mon champion défie une nouvelle fois le crack Ourasi. La course est splendide, Ourasi et Mon Tourbillon sont l'un et l'autre bloqués... Jean-Pierre Viel trouve un trou de souris, Mon Tourbillon surgit en pleine piste, il prend le meilleur, j'y crois, c'est gagné cette fois… mais le roi Ourasi se faufile lui aussi et, dans un dernier effort, parvient à dominer Mon Tourbillon sur le poteau. Je suis déçu mais heureux d'être là.
La fin de journée arrive très vite, trop vite, je suis tellement bien à Vincennes. Je quitte l'hippodrome et je me dirige vers les taxis. Mes parents m'avaient donné 200 francs pour me déplacer jusqu'au Petit Clamart où je devais les rejoindre. Je demande au premier taxi qui me rit au nez en me disant : “Gamin, tu ne te rends pas compte, cela va te coûter cher...” Vexé, je décide de me débrouiller en rejoignant à pied le Château de Vincennes pour y prendre le bus...
Au moment où je décide de partir, j'entends à la radio du taxi que Coluche est mort. D'un coup, je suis triste et abattu. Coluche, celui qui fait rire la France, celui qui s'intéresse aux sans-abri...
J'entreprends alors ma marche vers le Château de Vincennes que je n'imaginais pas si loin... Un chauffeur de bus sympa me guide pour aller jusqu'au Petit Clamart où j'arrive avec beaucoup de retard. Mes parents sont alors très heureux de me voir... à cette époque, pas de téléphone portable pour les informer de mon périple.
Trente-quatre ans plus tard, je suis devenu... proviseur adjoint de lycée professionnel ! Accepterais-je qu'un de mes élèves s'absente pour aller encourager Face Time Bourbon ?
Trente-quatre ans plus tard, chaque fois que je vois ou entends Coluche, je pense à cette journée et à Mon Tourbillon.
Trente-quatre plus tard, chaque fois qu'on évoque le Prix René Ballière, Ourasi ou la célèbre casaque noire toque rose, je pense à Coluche.
Par Richard Grossin
