LE PRIX DE L'ARC DE TRIOMPHE, COURSE DE TOUS LES SUPERLATIFS
. Mais aussi course de tous les supporters. Car on est obligatoirement supporter au moment de l'Arc. On est supporter chauvin, en poussant les chevaux nationaux : les Japonais attendent la première victoire d'un des leurs avec insistance et ne se sentiront accomplis au niveau mondial que si Orfevre ou Kizuna vient leur apporter le graal ; les Français pousseront un ouf de soulagement du genre “l'honneur est sauf” si Trêve ou Intello repousse les visiteurs ; les Anglais trouveront qu'il s'agit d'une grande édition si Leading Light ou Al Kazeem triomphe ; les Irlandais boiront double ration de bière et de champagne si Ruler of the World ou Camelot fait retentir l'Ireland's Call.
Le jour de l'Arc, il y a aussi les supporters parieurs. Ceux qui risquent un petit billet spécialement pour l'événement, et ceux qui misent un peu plus pour cette course. Car toucher l'Arc procure un plaisir particulier. Celui d'avoir bien lu une épreuve réservée à des champions, de s'être montré un peu plus malin que son voisin (ne nous mentons pas) et d'avoir la satisfaction de revoir le guichetier au moment d'encaisser ses gains. À ce titre, je n'oublierai jamais l'édition 1993 où mon père avait “pris la caisse” en jouant Urban Sea et White Muzzle, tandis que je me montrais circonspect (le mot est faible) quelques minutes avant le départ en regardant ses tickets basés sur une inspiration de dernière minute. Moi, je préférais largement Opera House, qui avait gagné les King George. Résultat : alors que nous sommes tassés dans les tribunes avec une vision réduite aux derniers deux cents mètres, nous voyons la casaque jaune portée par Éric Saint-Martin se faufiler le long de la corde pour dominer... White Muzzle et Opera House. Jeux simples, la boule etc. Nous sautons dans tous les sens au milieu d'un public médusé qui ne comprend pas comment la jument de Jean Lesbordes a pu venir rafler la mise. Une mise qui pour nous se traduit de manière sonnante et trébuchante avec un souvenir indélébile. Et, chaque année, nous essayons de refaire un “gros coup” identique. Tout cela n'empêche pas de rester supporter sportsman.
Amateur de pur-sang. De vouloir que le meilleur gagne avec la volonté plus ou moins consciente d'être présent au moment où une page unique de l'histoire du turf s'écrit. Les dernières années nous ont particulièrement gâtés : de la lutte aux couteaux entre Montjeu et El CondorPasa à l'arrivée acadrabrantesque de l'an passé qui couronne Solémia en passant par la phénoménale Zarkava, irrésistible, capricieuse et invincible à la fois. L'Arc 2013 approche et on se demande quel scénario invraisemblable nous réservent tous ces cracks. Vive l'imprévu ! Vive les courses !
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L'invaincue Trêve et le lauréat du Prix du Jockey-Club, Intello, ont été les stars de ce mardi matin sur le gazon cantilien, la pensionnaire de Christiane Head-Maarek ayant, une fois encore, fait preuve de classe…
Peu importe que le jour soit à peine levé : attendre pour voir passer les prétendants à l'Arc de Triomphe reste toujours un plaisir immense. Et quand la lauréate du Prix de Diane, Trêve, montre ce qu'elle sait faire le mieux, c’est-à-dire placer une pointe de vitesse imparable, on se dit que le Graal est à la portée de ses sabots…
Montée par son cavalier d'entraînement, Pascal Galoche, la demoiselle a effectué un ultime galop très plaisant. Partie derrière son leader, elle déboîte deux cents mètres après être sortie du tournant et place une vive accélération, qu'elle prolongera juste quelques centaines de mètres, avant que son cavalier ne la reprenne. Il ne faut pas brûler les cartouches. Mais l'impression visuelle est là. “C'est rare d'avoir une pouliche qui sait accélérer de cette façon, précise son mentor, Christiane Head-Maarek. Il faut espérer qu'elle puisse aussi bien le faire dimanche !” La perle de Criquette est fin prête. Prête à relever un fabuleux défi : “Trêve ne peut être mieux qu'actuellement. Elle a beaucoup évolué physiquement depuis sa course de rentrée. Elle a pris beaucoup de poids et évolue dans le bon sens. Pour moi, elle sera beaucoup mieux à 4 ans ; elle a été longue à se développer. Nous n'avons plus qu'à croiser les doigts pour dimanche et espérer aussi bénéficier d'un bon numéro à la corde. Quant à l'état du terrain, cela ne devrait pas être une excuse. Dimanche, on va savoir si elle est vraiment bonne ou moins bonne que certains. L'Arc, c'est le championnat du monde des pur-sang, que le meilleur gagne ! Mais nous allons essayer de dire “sayonara” (au revoir) aux Japonais !”
À la André Fabre...
Après son récent succès dans le Prix du Prince d'Orange, le lauréat du Jockey-Club, Intello, va découvrir la distance classique. Un challenge que ne tente certainement pas André Fabre sans raison. Quoi qu'il en soit - et quel que soit son nombre de partants dans l'Arc dimanche - Intello, Flintshire et Ocovango ont foulé le gazon ce mardi eux aussi, juste pour un canter. Intello, monté par Tony Farina et accompagné d'un leader, semblait aller assez librement. Flintshire (Maxime Guyon) et Ocovango (Pierre-Charles Boudot) ont quant à eux travaillé ensemble. Point de vitesse, juste terminer bien sur la main des jockeys et être à son travail… Méthode de la maison Fabre qui a largement fait ses preuves !
Une pouliche a aussi fait sensation ce mardi matin. Prétendant au Prix Marcel Boussac, la représentante de S.A. Aga Khan, Véda, qui n'a couru qu'à une seule reprise mais qui avait fait sensation pour ses débuts en s'imposant somme toute assez facilement, possède elle aussi une belle accélération. Montée par Éric Alloix, la fille de Dansili, qui a longtemps attendu derrière ses deux leaders, les a dépassés très facilement, en quelques foulées seulement, sans que son jockey ne lui demande quoi que ce soit. Bien à son travail et volontaire, la demoiselle en a vraisemblablement sous le capot…