•Joël Hallais, comment s’est déroulée la préparation de Cyprien des Bordes ?
Suite au Prix du Calvados, il s’est exercé jeudi dernier en fractionnés et je suis allé le travailler à Caen, mardi, où il a fait un mélange entre des fractionnés et un parcours. Apparemment, le cheval est bien. Jeudi (lisez aujourd’hui), je le travaillerai en fonction de sa condition. Sa prestation dans le Prix du Calvados a été conforme à mon attente, même s’il n’a pas bénéficié d’un parcours très heureux et aurait pu terminer plus près. En montant, il s’est retrouvé derrière des concurrents qui n’avançaient plus trop et, sagement, Jean-Loïc n’a pas voulu faire le tour d’eux. Puis il est revenu très bien finir.
• Où le situez-vous dans ce Prix de Cornulier ?
Je trouve que c’est un “Cornulier” assez ouvert, bien que Bilibili ait été impressionnant récemment. Cyprien des Bordes fait partie des bons chevaux que j’ai entraînés. Il est sur la montante, car il faut savoir qu’il a été touché par la maladie de Lyme l’hiver dernier. Il avait cependant couru et, malgré tout, il avait, très régulièrement, figuré à l’arrivée alors qu’il n’était pas dans la condition qui est la sienne aujourd’hui. Sans cela, il aurait couru le “Cornulier”, qui était la suite logique de son programme. Il est beaucoup mieux cet hiver. Ce groupe I reste une épreuve difficile à gagner ; mais si je le présente, c’est que je pense qu’il a les possibilités de bien faire. Je l’ai préparé pour ça en tout cas, pour être à l’arrivée. Après, gagner, c’est autre chose. Il a pour lui de posséder du fond, mais il manque encore d’un peu de maniabilité, même si je trouve que ce grand cheval plein de sang a progressé de ce côté-là et devrait encore s’améliorer.
• Sera-t-il pieds nus ?
Oui. Sauf incident d’ici là, il sera pieds nus. Il a fait de bonnes choses en étant déferré des quatre pieds et il n’a pas beaucoup couru ainsi. J’ai mis longtemps avant de le présenter ainsi, dans l’optique de le préserver. Même s’il était bon à 3 ans, il avait les allures et le modèle d’un cheval à faire vieillir. Aussi, est-ce un sujet que nous avons toujours protégé, qui ne faisait souvent que les 700 derniers mètres. Je pense que, dimanche, il devrait y avoir du train, ce qui serait positif pour lui. En principe, les “Cornulier” sont des courses qui bardent.”
• En route vers un neuvième sacre ?
Je n’en sais rien. On verra. Je n’ai pas de pression ; j’espère seulement que mon cheval va bien courir. J’ai tout fait pour qu’il soit au mieux. S’il venait à mal courir, à être moins bien ce jour-là ou à connaître un incident de parcours, là, ce serait une déception. Maintenant, je le répète, gagner cette course-là n’est pas évident et, à mon avis, beaucoup de chevaux se valent. Cela dit, Bilibili est le cheval de la course et celui qui sera capable de le devancer aura une chance de gagner. D’ailleurs, je m’étais dit la même chose l’été dernier concernant Traders, qui avait été brillant dans le Prix Alfred Lefèvre. La dernière fois, il n’était, peut-être, pas dans un grand jour. Si on le juge sur sa course dans le Prix du Cavaldos, on le sous-estime. Mieux vaut se souvenir de ce qu’il a réalisé l’été dernier...”
Joël hallais est toujours au top niveau
“Beaucoup de choses à observer”
En 1981, Kaiser Trot remportait le Prix de Cornulier dans la réduction de 1’21’’ alors qu’aujourd’hui, le record de l’épreuve est détenu par Quif de Villeneuve en 1’12’’. Joël Hallais aura su traverser les époques comme un jeune homme, pour perdurer au haut niveau avec une race qui a, elle, beaucoup changé. “C’est logique que le Trotteur Français ait évolué, grâce aux apports du sang américain et aux méthodes d’entraînement. Le mental des chevaux a évolué également. Il y avait quelques chevaux “lourds” à l’époque, mais, malgré ce que l’on aurait tendance à penser, il y avait beaucoup de chevaux élégants et avec de la race, peut témoigner l’homme du Haras du Ribardon. C’est vrai qu’auparavant, avec les chevaux compliqués, un peu “loupeurs”, le jockey faisait la différence. Aujourd’hui, avec la monte en avant, on recherche la vitesse. C’est important d’évoluer en permanence ; il y a beaucoup de choses à observer, et de conclusions à tirer...”